lundi 27 novembre 2006

LA TOUR DU CHATEAU DE L'EPINE

Ce que l'on connaît de son histoire. Son promoteur BEYNET et ses héritiers. Ce Beynet habitait, selon une indication de notre grand-tante Denise Romieu (1899-1986) qui était l'une de ses arrière-arrière-petites-filles, la maison de Roland Guillot, dont la grand-mère, née, je crois dans cette maison, était peut-être une autre de ses descendantes. Selon Denise Romieu, Beynet était un paysan qui se serait enrichi dans le commerce des grains. Le moulin à eau qu'il possédait était probablement le moulin seigneurial, -maison JM Reynaud - puisque l'autre moulin, disparu près du chemin du grand Terrus, ne fut construit que vers 1810. On ignore si son moulin à eau fut acquis lors de la vente des biens seigneuriaux ou si Beynet et ses ancêtres l'avaient acheté avec ses droits, avant 1789. Ce qui fut par exemple le cas du moulin de Montclus acheté avec son droit de banalité, vers 1750 par le père de Dupoux à la Comtesse de Sade, (cousine du célèbre marquis de Lacoste), son mari le chevalier de Bimard en ayant hérité de sa première épouse Marianne de FLOTTE, Dame de Montclus et La Bâtie Monsaléon. L'une des filles de ce BEYNET, Marguerite, hérita du moulin à vent. Elle avait épousé en 1811 son voisin, François Razaud, veuf et père d'un enfant, maréchal-ferrant comme le furent -au moins depuis 1600- tous ses ancêtres. Le couple, qui habitait notre maison, eut cinq enfants.
J'ai retrouvé dans des papiers de famille, l'acte de partage des biens que cette Marguerite RAZAUD, née BEYNET, effectua en 1847 à la suite du décès de son mari, «en consultant l'intérêt de chacun de ses enfants et son égale affection pour eux» selon les termes de ce document. La maison d'habitation fut léguée à Victor, rouennier et marchand de tissu- le grand père de nos grand-tantes Romieu -, « en contrepartie d'une rente viagère et annuelle de 200 F payables de 3 en 3 mois».
C'est le fils aîné, Joseph, qui hérita selon cet acte « de la moitié du moulin au-dessus du village, depuis longtemps inactif, mais pourvu de tous ses agrès, machines tournant et travaillant». Est-ce à dire que le moulin fonctionna par intermittence au cours de la première moitié du XIXème siècle ? Ce Joseph, lui aussi maréchal-ferrant, s'était installé à Serres où il avait ouvert sur la place ( de la pharmacie/marchand de journaux) une quincaillerie, qui n'a fermé que dans les années 1970,( local occupé aujourd'hui par la boulangerie). Qui hérita de l'autre moitié du moulin ?. Très probablement, par déduction, le 2ème fils, Aimé, lui aussi maréchal-ferrant, installé à la Remise, car les deux autres enfants, des filles, avaient reçu de l'argent à titre de dot et d'avance sur la succession. Cet Aimé avait épousé une protestante de La Motte Chalançon et la mémoire familiale conservait d'elle une anecdote amusante, évoquée par l'Abbé Pascal dans l'une de ses fatorguettes: elle tenait à cacher son origine protestante et, comme elle ignorait les mots des prières et des litanies catholiques qu'elles était censée bien connaître, elle marmonnait quelques phrases qu'elle terminait toujours par un « et nanani, et nanana». Ce couple n'ayant pas eu de descendants, la seconde moitié du moulin a dû revenir aux neveux de Serres. La possession de l'intégralité du moulin par les Razaud de Serres, m'a été confirmée, par M. Razaud, le dernier quincailler, décédé vers 1992. Ce dernier m'a aussi raconté que les ailes du moulin ayant été arrachées par le vent, elles furent ramenées à Serres pour en faire du bois de chauffage et que son père, enfant - cela devait se passer dans les années 1860 - devait, comme punition, descendre à la cave et scier ces restes d'ailes, dont il rapportait qu'il s'agissait d'une punition très sévère parce qu'elles étaient faites dans un bois extrêmement dur. M. Razaud ne pensait pas que ses ancêtres avaient pu jamais le transformer en pigeonnier - ce qui fut sa destination ultérieure. On ne parlait dans sa famille que « du moulin de l'Epine». J'ignore quand et à qui les Razaud le vendirent, ainsi que la suite de son histoire. Il est probable que ce fut l'acheteur épinois qui l'aménagea en pigeonnier, ce qui en avait probablement justifié l'acquisition. Du moulin au pigeonnier. L'almanach des Hautes-Alpes de 1910, ( de Tinou) signale à propos de L'Epine, sous la rubrique « curiosités »: « un moulin à vent construit sur l'emplacement de l'ancien château ». Les seules rares informations sur son histoire ultérieure et son état de conservation peuvent être apportées par les diverses photos et cartes postales qui témoignent de sa dégradation. La carte postale qui date de 1918-20 (sur laquelle figurent Yvon Aubéric enfant, l'un de ses frères et mon arrière-grand-mère Romieu) atteste du bon état de conservation du bâtiment, qui devait être toujours un pigeonnier. Une autre carte postale qui doit dater des années 50, montre que le moulin est encore assez bien conservé, avec une porte, des alvéoles d'accès de pigeons bien apparentes et un toit en bon état. Voilà pour ce que l'on sait de notre tour , mais d'autres éléments de son histoire sont sans doute connus.... mais ce sera une autre histoire ! Article de J.M. REYNAUD paru dans La Gazette de L'Epine de Juillet-Août 2004

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