lundi 27 novembre 2006

GEORGES REYNAUD RACONTE... ANECDOTES DE FAMILLE

L'oncle Augustin Bonnet, frère de ma grand-mère, était percepteur je crois à Rosans. Joueur invétéré, il emprunta de l'argent à sa caisse. Malheureusement, il eut un contrôle le lendemain et il ne put justifier l'emploi de la somme en comptabilité. Il fut renvoyé sur le champ. Afin de lui épargner le déshonneur de la prison, son frère et mon grand-père soldèrent « l'emprunt ». Il fut chassé de la famille, banni pour toujours. Son gibus en peau resta longtemps chez nous dans un placard.

A l'époque révolutionnaire, les gens étaient malheureux, beaucoup arrivaient difficilement à se nourrir. Une de nos grand-mères, Jeanne MORENAS faisait quelquefois de la soupe de fénes de pommes de terre (les fénes sont les parties vertes hors du sol). L`hiver venu, afin de subvenir à la vie de ses enfants, elle les emmenait à pied à Marseille et faisait elle-même le docker, travail rude pour une femme de décharger les bateaux.Il y avait beaucoup de vivres sur le port, et les enfants n'avaient pas faim.La pauvre femme économisait son salaire, elle avait économisé 6000 livres... monnaie de singe de la révolution, ces assignats furent perdus par les dévaluations permanentes et murés dans une cachette, retrouvés par mon père Adrien REYNAUD. Les REYNAUD avaient des terres et une habitation succincte à Barret (le Pré du Col), il y reste encore des vestiges. Pendant la saison d'été, ils travaillaient quelques champs. A ce moment-là il y avait les taillis. C'étaient des chênes auxquels on coupait les branches tous les 3 ou 4 ans et on faisait des fagots à l'automne avant la chute des feuilles. On entassait ces fagots comme une meule de foin et l'hiver ces fagots étaient donnés à manger aux bestiaux qui triaient les feuilles. Chaque jour pendant l'hiver, les hommes allaient au Pré du Col passant par la Violière. Ils partaient avant jour et rapportaient une dizaine de fagots chacun, ils menaient paraît-il un enfant qui en rapportait deux.. Au retour ils mangeaient une assiette de soupe chaude.. Les terres de la famille Villevieille, le Château, Chaboussa, la mure et sous la maison environ 5000 m2.

Les champs de Chaboussa tous les quinze ans étaient piochés dans l'hiver, après y avoir préalablement coupé et brûlé les pins et les buissons. Notre ancêtre Jean REYNAUD vers 1830 avait pioché tout seul plusieurs hectares, ayant fait son compte de temps il avait gagné 4 litres de blé par jour... Un troupeau d'une cinquantaine de brebis était gardé par le frère de Jean REYNAUD, Joseph REYNAUD,vieux garçon qui était resté dans la famille. Au printemps on donnait au berger 8 noix pour son dîner et du pain à volonté. Huit noix faisaient 32 bouchées, et devaient suffire à tout gros homme pour sa nourriture.... Jean REYNAUD, l'été ne se couchait pas dans le lit après avoir mangé le soir, il portait la soupe au berger à Ville-Vieille et après il couchait sous un pommier et changeait l'eau d'arrosage de temps en temps... Le berger couchait dans une cabane montée sur un traîneau,et les brebis étaient parquées dans un parc en barrières de bois que l'on changeait de place chaque jour afin de fumer les champs. Les loups venaient rôder autour du parc et quelquefois, malgré les chiens, ils arrivaient à enlever des agneaux. Le berger avait un pistolet qui était chargé à blanc pour effrayer les loups. Les chiens n'étaient pas les chiens de berger actuels:c'étaient des chiens de garde pour les loups, de gros chiens noirs, genre berger allemands auxquels on mettait un gros collier à pointes car le loup cherchait toujours à égorger le chien. Ces chiens n'étaient pas valables comme chiens de berger. Les loups attendaient toujours les troupeaux sur une crête ou plutôt derrière une crête de façon à attraper les moutons sur une pente pour pouvoir les traîner plus facilement. Ces loups ont disparu vers 1875. Certains prétendent que c'est le chemin de fer qui les a fait fuir. ... mais la raison la plus valable est sans doute que les armes à feu se sont perfectionnées et que les battues sont devenues plus efficaces. Dans les endroits où les loups faisaient trop de ravages, les gens n'hésitaient pas à incendier les forêts tels a Ceuse et une partie du Trieve, on les appelait les Brûleurs de loups. Mon grand-père, Jean Joseph, un jour d'hiver entendit sur la route son chien de loup aboyer furieusement. S'approchant, il vit son chien monté sur le toit, qui était assez bas à l'époque, qui faisait face à deux loups, le chien encouragé par la vue de son maître fonça sur les loups qui prirent la fuite. Les tous derniers loups se manifestèrent au début du siècle. Le dernier cas fut un loup qui était entré dans une bergerie à la villette de l'Epine où il saigna 25 moutons. Fin du 18 ° siècle, il y avait aussi des ours, beaucoup de lieux en témoignent (le pas de l'ours, la fontaine de l'ours).Nos ancêtres cultivaient un champ au dessus de la route vers la Mure a la croix du Roure).Dans ce champ, il y avait des ruches et un hiver un ours les avait pillées. Après la révolution, et la vente des biens nationaux, nos ancêtres achetèrent la vigne aujourd'hui abandonnée que l'on appelait vigne de la cure (ayant appartenu au curé). Belle époque de la vigne, où elle venait presque à l'état sauvage. Dans une terre ameublie assez profond on plantait un sarment qui bouturait tout seul au bout de deux années il commençait à produire, on piochait seulement, et un peu de fumier a chaque plant. Il n'y avait pas de traitements a faire,aucune maladies. Les sarments étaient de bonnes variétés très anciennes et bien acclimatées et paraît-il le vin était très bon.

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